Certains adorent le Lubéron. D’autres la Bretagne (quelle idée !?). D’autres préfèrent le Mexique (pour faire des « photos pétasses »), la Réunion, la Papouasie du nord ou la Moldavie.
Nous, c’est sur la Charente maritime que nous avons jeté notre dévolu : le soleil (micro-climatique), la lumière, les maisons blanches, les petites ruelles bordées de roses trémières, et les longues balades en vélo de l’île de Ré. Les vieux ports, les forêts, les marais et les plages. Bon, à vrai dire, et pour anticiper sur les critiques des 2 menaces pour la société, il faut bien reconnaître que malheureusement, l’île de Ré est devenue une annexe du 16ème, que les Porsche Cayenne, les bordées de Bobos, et les prix stratosphérique y sont suffisamment nombreux pour faire de ce petit joyaux de l’atlantique une enclave à rupins. Ce n’est pas l’île d’autrefois, quand il fallait traverser par le bac, et qu’on ne se marchait pas encore sur les pieds à Saint-Martin.
Pourtant, à chaque fois que nous y allions, nous rêvions de nous y trouver un petit coin de paradis afin d’échapper, notamment, aux 2 menaces pour la société ; évidemment, même avec 250 ans de crédit, nous n’aurions certainement jamais eu les moyens d’acheter le moindre bout de mur.
En emmenant les enfants à l’aquarium de La Rochelle un mercredi de février (car je ne travaille plus le mercredi, afin d’entendre brailler ces chères têtes blondes au moins une fois par semaine), en allant à la Rochelle, donc, j’ai ramassé par hasard un de ces « sert-à-rien » de journal d’annonces immobilières, que je feuilletais vaguement en conduisant – c’est mieux que de regarder la route.
Du cher, du moche, du moche et cher… Tiens, Oléron. Le seul endroit sur la côte où les prix sont encore normaux, mais ça ne va pas durer (+22% en 2006 !). Moins tape à l’œil, moins chouette peut-être, mais bon, on verra bien. Alors que roulant à 140 je regardais la page 16, mon attention s’arrête sur une (je cite) « magnifique petite maison de pays rénovée dans village typique, belles prestations, bla bla ». Encore un attrape-nigaud. Les photos sont quand même bien sympas, et le prix, euh… vraiment sympa aussi (disons que je préfère vivre dans mes toilettes que d’habiter dans les autres cahutes présentées au même endroit pour le même prix)... Après avoir grillé 2 feux rouges et écrasé 8 gendarmes, j’appelle l’agence.
Driiing.
« Linda à l’appareil, puis-je vous arnaq… euh, vous aider ? »
« Bijour Madimoiselle, yi sirais intiressé par la pitite maison de Chaucre…Bla Bla bla »
C’est où, Chaucre ?
Euh… là :
"Qu'est ce tu m'embrouilles avec ton Soyouz ? Bon, c'est où ?"
Linda « Oh, vous savez, c’est une grosse m... euh... un petit bijou, elle est en vente depuis quelques jours seulement. Êtes vous un ami de Carole Bouquet, de Lionel Jospin, ou plutôt un touriste en tongs» ?
« Euh… un touriste en tong, pourquoi ça dérange ? »
Coup de fil à Mumu, chouette chouette chouette, on va visiter Samedi. Direction Saint-Georges d’Oléron, donc, en suivant les indications du Paume-Paume (c’est comme un TomTom, sauf qu’avec ce GPS, on se paume, paume).
L’agence : sympa. Petit café, couple de jeunes, et c’est parti pour la visite avec Linda. On arrive à Chaucre. Des petites rues, des petites maisons de pierre, des puits... Bien, ça nous ressemble..
Linda : « La maison est voisine du four à pain du village »
« Euh, le four à nains, c’est une discothèque ? » (Je désespère Mumu).
Linda : « La maison appartient à une prof d’anglais du neuf-deux » (au secours !!!), qui vit seule et qui vient d’en acheter une plus grande. »
Mumu, à 2 doigts de voter Sarko : « Ah d’accord, c’est un complot de profs d’école en grève qui, n’ayant rien d’autre à foutre que de manifester, s’amusent à détrousser les honnêtes travailleurs des entreprises normales – et vive le placement. Car vous ne saviez pas qu’Adia est une entreprise qui fait du placement ?».
« Voilà la maison ». Charentaise typique, murs en pierre de pays, volets bleus. Gardons la tête froide, on sait maintenant reconnaître si une maison est pourrie derrière la peinture.
On entre. Une petite pièce bien décorée, tout paraît avoir a été refait et bien fait (ce qui signifie au moins que ce n’est pas moi qui l’ai fait), il y a une yolie cheminée pour l’hiver, avec un enfant en train de rôtir dedans – je pensais à ça quand Thibault s’est mis à hurler.
Linda : « Vous montez ?»
« M’enfin, Linda, je veux bien monter, mais attendez au moins que Mumu ne soit plus en bas, quand même. C’est combien ? Je veux dire, la maison, c’est combien ?».
On monte : parquet, de la place pour un lit, des fauteuils et quelques meubles.
…et puis une salle de bain elle aussi petite, mais bien faite.
IL Y A MEME DES TOILETTES ET ON PEUT S’ASSEOIR DESSUS POUR CAGUER* !!!!
* Caguer : verbe transitif (du moins quand on a mangé des pruneaux). Def1 : aller faire ce que l’on a à faire, où on peut le faire, et avec un bon bouquin. Def2 : chanson de Plastic Bertrand dans les années 80 (« ça cague pour moi »).
« Et la plage, chèèèèère Linda ? ». « Bouh, mon bon monsieur, la plage c’est à 1 minute en voiture ». Elle enclenche le chrono, on traverse lentement un bout de forêt…
Menteuse !!! 1 minute 30.
Super la plage.
Y a un truc, n’oublions pas que Linda est un agent immobilier… Pourtant, elle n’est pas de la famille de SEDM (SuperEnculéDeMerde) Grimaud – ceux qui connaissent comprendront.
Allez, on en visite une autre au même prix : catastrophe (la chambre dans la cuisine, les toilettes dans l’évier, … et la même odeur que dans notre véranda les jours de pluie). On va voir les autres agences de l’île : fiasco également. Bon, on déjeune pour faire le point : au Zinc, petit troquet très sympa à Saint-Pierre. Discussions avec la serveuse : « sur l’île, les jeunes n’ont plus de place pour se loger, il n’y a rien à louer à l’année, donc on doit prendre le pont tous les jours ». Bonne idée, la location à l’année, quand on en aura marre de la location saisonnière.
Décision : on prend. Bonne petite négo sur le prix et les frais d’agence, il faut que ça rentre au budget. La vendeuse accepte. L’agence accepte. C’est gagné. Le notaire, c’est pour le 5 mai au plus tard.
Au moins, on sait où on va passer nos vacances cette année…
J’en profite pour parler du grand concours Timulo. Les 2 menaces pour la société ont trouvé en premier, mais comme ils sont désagréables, et qu’ils ont tapissé notre maison de PQ en notre absence, j’applique la clause de « non cumul de soleil pour les amis désagréables» : ils sont allés à la Réunion il y a un mois, donc pas de soleil deux fois, faut pas pousser mémé dans les orties. Pour eux, ce sera le tarif « pleine saison » (400€ la semaine), tiens prend ça.
Tous les autres, qui sont agréables, eux, et parce qu’ils ne viennent pas en notre absence tapisser la maison de PQ, auront la possibilité d’y aller gratos cette année. Les moldavo-normands, les bin-qui-ren(dent), les chercheurs qui cherchent, les tamalous (hou là, y’en a beaucoup des Tamalous de nos jours), la vivi, les Det (bu et mau), … bref la liste de diffusion du blog. On a trouvé un mode de location sympa pour vous: à chaque passage, chacun y laisse un (petit) objet de déco ou une croute (on adooooore les croutes, sauf les paysages moches). Façon de dire que la maison ressemble à ceux qu’on aime.